Né en 1989 à Douala au Cameroun, il est l’un des rares artistes africains à exposer sur la condition humaine à travers des toiles qui explorent en toute transparence les situations humaines dans un contexte sociétal précis.
« Pendant longtemps, j’ai mis en scène la douleur des personnes que je représentais. Cette fois, j’ai voulu louer leur courage et leur force. Je me suis intéressé à ceux qui restent dans leur pays et se battent pour une vie meilleure, malgré la mauvaise gestion des ressources minières par les Etats »
Après un Bac en peinture à l’Institut de Formation Artistique de Mbalmayo (IFA), il intègre l’Institut des Beaux-Arts de Foumban où il obtient une licence en dessin et peinture en 2O15.
Deux ans plus tard, il rejoint le « Post-Master » Moving Frontiers, organisé par l’Ecole nationale supérieure d’art de Paris-Cergy en France sur le thème des frontières.
De fil en aiguille, en fréquentant les ateliers de ses ainés (pionniers du secteur) notamment Hervé Youmbi, Salifou Lindou, Jean Jacques Kanté, Pascal Kenfack et Ruth Belinga, il peaufine davantage sa plume et son travail devient de plus en plus respecté dans son pays. C’est ainsi qu’il va prendre confiance, exercer sa passion puis influencer majoritairement des jeunes artistes qui apprenaient de son talent dans son atelier.
Une peinture authentique : son atout redoutable !
Avec une esthétique intelligemment soignée accompagnée de l’usage de matériaux (patte) et d’une technique spécifique qu’il appelle « map molécule », il parvient à captiver, puis à transmettre efficacement le message souhaité à ses spectateurs. Un défi que nombreux de ses concurrents de l’époque n’arrivaient pas à relever aussi nettement.
Alors si pour lui, le souci est de transmettre des informations dans toute leur véracité, sur ses peintures, les enfants sont beaucoup présents car selon lui, ceux-ci « sont des personnes qui ne trichent pas avec leurs émotions ». Bien plus, « les enfants induisent le choc nécessaire pour conduire le spectateur à se questionner ».
De multiples séries de peintures rangées dans la même idéologie
Sur une peinture exposant des femmes enceintes qui continuent de travailler dans les mines malgré leurs grossesses dans sa série « Corps de mines », ou sur une autre montrant un homme chargeant une bonne quantité de sacs sur sa bicyclette « Transporteur à titrer », ou même sur une autre présentant un enfant attristé portant une caisse sur ses genoux « les pommes de la discorde » présenté à la galerie parisienne « Afrikaris » jusqu’en Juillet dernier, l’objectif du plasticien reste le même : dénoncer vraisemblablement la condition humaine en Afrique.
« Je veux secouer les consciences ».
Si l’on s’en tien à la pensée littéraire qui affirme « A chaque époque ses maux », on pourrait autant penser que notre plasticien ne déroge pas à la règle.
Toutes fois, bien que la peinture de la condition humaine a toujours été son leitmotiv, il faut tout de même reconnaitre qu’à un moment donné, celui-ci s’est intéressé à la thématique de la migration, en même temps qu’à l’exploitation des matières premières en Afrique, ainsi qu’aux enjeux économiques comme politiques qui la meublent. De cette manière, il expose mieux la souffrance que peuvent subir les corps dans un système capitaliste pour répondre aux besoins de la société. Cette société dans laquelle les intérêts financiers dominent parfois sur toute considération humaine.
Ainsi aujourd’hui, grâce à son art, le meilleur sculpteur, installateur et peintre des années 2010 réussit avec brio à non seulement résoudre l’épineuse équation du manque de visibilité de ses semblables engagés dans l’ombre, mais également à mettre de la lumière sur leurs œuvres pour une meilleure reconnaissance.
Avec plus d’une dizaine de séries d’exposition à ce jour, le talentueux Jean David Nkot travers son travail, emmène ses spectateurs à reconsidérer la réalité de leurs territoires notamment sur la manière avec laquelle les humains sont traités et « secoue les consciences » pour faire réagir avec espoir qui de droit. Un espoir que garde à jamais ce digne fils africain pour son continent.
La rédaction.